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4 juin 2007 1 04 /06 /juin /2007 09:12



« L’écriture comme cire chaude entre les cloisons des deux bords 
[1]»

   Par Virginie Brinker

 

 

           Le Ventre de l'Atlantique Fatou Diome a publié en 2003 son premier roman, Le Ventre de l’Atlantique. Dans ce roman autobiographique, Fatou Diome est en partie Salie, cette jeune femme née sur la petite île de Niodor au Sud-ouest du Sénégal et élevée par sa grand-mère. Comme l’héroïne de son roman, Fatou a toujours été en décalage avec... Pour lire la suite de l'article sur notre nouveau blog, cliquer ici

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1 juin 2007 5 01 /06 /juin /2007 11:42

 

 

Les Amants de l’Alfama[1] ou le nomade à l’épreuve de l’amour
Par Sandrine Meslet 

 

 

« La place vide nous touche plus que la présence parce qu’elle nous blesse. »

 

 

amants-kokis.jpgLe roman du québécois Sergio Kokis nous transporte à Lisbonne, une veille de Toussaint, et nous fait partager la déambulation mélancolique de Joaquim, jeune professeur de mathématiques. Le protagoniste vient d’être quitté par sa fiancée et cet événement va être le point de départ d’une remise en question, touchant tout son univers ; il entame alors un travail d’introspection afin de comprendre les raisons du départ[2] de Matilda. Il s’interroge ainsi sur le sens à donner à sa vie sans elle « Que faire maintenant de cette immense et fade liberté qui s’étalait comme le brouillard épais à l’horizon[3] ? » Le roman peut ainsi s’envisager comme un voyage vers soi, le personnage cherchant à remonter le fil de son propre échec. Le décor de la ville est vécu à travers la mélancolie du personnage et le séisme intérieur qui ne cessent de s’amplifier.

 

 

La catabase de Joaquim

 

La longue observation du triptyque de la Tentation de Saint-Antoine de Bosch au Musée d’art ancien de Lisbonne ne réussit pas à rassurer le personnage, il semble perdu sans repère alors que ses certitudes s’effondrent autour de lui. Même le tableau échappe à son interprétation habituelle, il n’est pas une vérité mais un champ des possibles qui s’apparente à un gouffre.

 

La certitude des cohérences se dérobait plus vite que sa capacité d’en créer de nouvelles, dans une sorte de secousse sismique touchant non pas les choses mais le tissu même de sa vie […] Son rêve d’une destinée fermée par cohérences logiques devenait un simple amas de tessons, et il avait peur d’avancer[4].

 

Aux oreilles du personnage résonnent les paroles de Matilda, pour Joaquim l’heure du choix est venue « Haut les mains Joaquim ! Les maths ou la vie[5] ! » L’expérience cathartique du personnage, ivre et prêt à se donner la mort dans les eaux du Tage, est contrecarrée par une remontée dans le monde des vivants. Ainsi au schéma attendu de la catabase s’amorce le mouvement inverse d’une renaissance, le personnage de Dorinha, une prostituée, va servir de passeur entre ce monde sombre et celui plus chaleureux du bar. A la rêverie de ce promeneur solitaire, qui semble se complaire dans le souvenir de la disparue, se substitue la rencontre de l’altérité avec les clients du bar. Ainsi l’expérience de Joaquim est-elle confrontée à celle des autres et permet au personnage d’envisager des limites à son « abîme de tristesse ».

On note ainsi qu’à l’évocation d’une peine d’amour totale, dans laquelle semble se complaire Joaquim, se superpose l’amour malheureux de Dona Titilda et du vieux Martim, mais aussi celui de l’archiviste. Le roman, qui se présentait au début comme une déambulation solitaire, plonge le personnage au milieu des hommes et va à l’encontre de son désir de s’émanciper de toute attache. Joaquim aimerait faire l’expérience de l’abstraction et du détachement mais son chagrin ne le ramène que vers l’émotionnel, le vécu. Les déambulations sans but qui ouvrent le livre cèdent leur place à un lieu clos, celui du « Buraco do Beco », qui fait l’objet d’une longue description[6], dans lequel le personnage se rencontre à travers les récits de certains clients. Il mesure son erreur à l’écoute des récits qui s’offrent à lui emprunts d’absences, de regrets et de séparations.

Lorsque le vieux Martim, un vieil habitué du bar, prend la parole pour conter son récit, il le fait en le dédiant à Joaquim qui lui rappelle l’homme dont il va conter l’histoire. Le sens de cette histoire intercalée permet d’intégrer une parenthèse narrative, le récit d’aventures maritimes se présente comme le fruit du hasard contre lequel l’homme ne peut lutter.

 

On parle de dictature, de libertés brimées, de presse bâillonnée, du pays en ruines à cause des guerres stupides, et on oublie que la dictature, c’est surtout ça : les destinées individuelles brisées, les vies en tessons, des corps estropiés, la beauté avilie et une tristesse qui ne se laissa pas avouer[7].

 

                                                        

Un séisme sentimental

 

Le nomadisme de cette œuvre vient de l’absence de lieu où vivre son malheur pour le personnage de Joaquim. La réponse qu’il croit trouver à son chagrin est la solitude, alors que le remède ne peut être que collectif. Le personnage est rapidement ivre après ses longues pauses dans les bars de Lisbonne, il est décrit comme traversé par un séisme en tout point assimilable à celui dont la ville fête le triste anniversaire

 

C’était toujours ainsi début novembre, avec la Toussaint suivie du jour des Morts, comme si la ville se drapait de tristesse pour célébrer ses malheurs centenaires : des pestes noires à n’en plus finir, les exécutions rituelles de l’Inquisition sur le Terreiro do Paço, tous les morts dans les naufrages, le grand tremblement de terre[8]

 

C’était comme si une tristesse profonde, immense, s’était emparée du monde entier, comme si une catastrophe inimaginable venait d’arriver en le laissant seul dans la ville déserte[9].

 

L’alcool permet au personnage de perdre ses repères et il ne doit son salut qu’à ses rencontres fortuites, comme lorsqu’il est trouvé à terre par le chien d’un mutilé de guerre. Les leçons fusent sur le jeune homme lors des nombreuses prises de parole des personnages du roman, et le confrontent à la misère de l’homme « La vision du gouffre final a souvent cet effet de nous réconcilier avec la vie, quelle qu’elle soit[10] ». Elles concernent également le danger des marottes, illustrées par les tendances de collectionneur qui naissent de la solitude et du repli de l’homme dans la société. Ainsi l’archiviste évoque-t-il devant Joaquim sa collection de parapluie avec lucidité :

 

On se garde libre, dépouillé d’attaches pour pouvoir un jour exercer cette liberté ; et dés qu’on pose un acte libre, cet acte nous engage et nous emprisonne dans une délicieuse étreinte[11].

 

Il prend également conscience de sa chance de vivre un amour moins contrarié que celui du vieux Martim et de Dona Titilda ; en effet, il ne vit pas une époque où des circonstances extérieures pourraient nuire à son histoire d’amour, comme l’emprisonnement de Martim lors de la dictature de Salazar. Pourtant le discours tend vers l’universel et interroge le personnage sur le sens à donner à sa déception amoureuse  

 

Peut-être que  même nos propres expériences ne servent à rien quand la fatalité décide de se moquer une fois de plus de nous. Faut-il pour autant cesser d’aimer ? Ou, plutôt, est-ce pour autant possible de cesser d’aimer, d’espérer[12] ?

 

Le discours de l’archiviste révèle à Joaquim toute l’étendue de son erreur, qui se caractérise pour l’essentiel par son manque de courage « Les aventures et les histoires d’amour parlent d’une seule et même chose, du courage[13]. » La leçon d’amour se change en leçon de vie où un champ vertigineux de possibles se déploie et offre la possibilité au lecteur de comprendre en quoi l’imagination est à l’essence même de la littérature.

 

Il y a des scènes, des rencontres, des séparations, des accidents se mélangeant aux accidents. Si le monde était un livre, le lecteur de cet ouvrage aurait toujours l’impression soit qu’il ne s’y passe rien, que c’est sans intérêt, soit qu’il lit uniquement sa propre histoire. C’est d’ailleurs ce que font la plupart du temps les lecteurs avec n’importe quel livre, lire leur propre histoire[14].

 

 

 


[1] KOKIS Sergio, Les Amants de l’Alfama, XYZ éditeurs « Romanichels », Montréal, 2003

[2] « Je repartirai quand tu ne voudras plus de moi. […] « Je repartirai sans t’embêter et tu n’entendras plus parler de moi. » (p.14)

[3] Ibid, p.15

[4] Ibid, p.37

[5] Ibid, p.38

[6] La description annonce le récit d’aventures qui va suivre, le lieu à lui seul évoque celui où pourrait se dérouler une veillée entre marins.

[7] Ibid, p.190

[8] Ibid, p.17

[9] Ibid, p.23

[10] Ibid, p.149

[11] Ibid, p.115

[12] Ibid, p.138

[13] Ibid, p.197

[14] Ibid, p.195

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1 juin 2007 5 01 /06 /juin /2007 11:40

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Partir

de Tahar Ben Jelloun

 

« Témoin de mon époque, de ma société, j’observe et j’écris, je regarde et je récrée ». Cette citation de l’écrivain francophone marocain, Tahar Ben Jelloun, reflète explicitement la démarche entreprise dans l’élaboration de son dernier roman, paru en 2006, Partir.

Une nouvelle fois, l’auteur s’empare d’un thème d’actualité lié à sa double culture, orientale et occidentale : l’immigration vers l’Europe de jeunes marocains, y compris les plus diplômés... Pour lire l'article sur notre nouveau blog, cliquer ici

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